Jean FOBE, ° Gand 3 janv. 1925, + Celles (Tournai) 3 sept 1944, scout-routier du groupe territorial 37 de l’Armée Secrète (escouade de Celles).
Reconnu comme résistant armé, affilié à l’Armée Secrète, pour une durée de 4 mois, soit du 25 mai 1944 au 3 sept. 1944.
Croix de chevalier de l’ordre de Léopold II avec palme, croix de guerre 1940 avec palme, médaille de la résistance, médaille commémorative de la guerre 1940-1945 avec 2 sabres croisés, médaille du volontaire de guerre-combattant, médaille commémorative de la ville de Gand.

Cité à l’ordre du jour de l’Armée Secrète: “Je cite à l’ordre du jour M. Jean Fobe, glorieusement tombé pour le Roi et la Belgique. Soldat très courageux
Après avoir fait successivement deux prisonniers en compagnie de deux camarades, puis trois prisonniers seul, est surpris par une colonne ennemie.
Fait prisonnier lui-même, il est abbatu puis achevé et jeté dans un fossé”

Il fut abattu par l’armée allemande en retraite alors qu’il ramenait des prisonniers allemands.
Il était un bon étudiant et avait l’intention d’entrer au séminaire.
Durant la guerre, il est venu se cacher, pour échapper au travail obligatoire, chez son cousin à la ferme Moyart à Celles, accompagné de Charles Martens et de Raymond Antoine. Il s’est uni aux résistants de la région.

Le seul survivant de ce groupe est Raymond Antoine, cousin de Jean Fobe, qui relate les faits:

“Le 3 septembre 44, jour de la Libération, on est venu à la ferme annoncer à mon oncle Prosper Moyart que des Allemands arrivaient du côté de Cordes et d’Anvaing. Il fallait les intercepter” raconte Raymond Antoine.
Jean, accompagné de Raymond, est allé chercher les Allemands. Ils les ont désarmés. Leur but était de les ramener aux autorités. Les gens du village étaient fiers de leurs jeunes.
Tout à coup, quelqu’un a crié: “Attention, les Allemands arrivent par la route provinciale !”
Il y eut une peur panique. Tout le monde s’est caché. Jean, Raymond et les deux prisonniers allemands se sont dirigés vers l’église par la rue Leclercqz et ont essayé de rentrer dans une des maisons, mais la porte était fermée. Ils sont parvenus à trouver refuge chez Clovis Arco, le boulanger du village.
A ce moment-là, une dame est arrivée et leur a crié: “Il y a trois Allemands au café juste derrière et les autres n’arrivent pas par la route provinciale mais par le cimetière.
Raymond Antoine gardait les prisonniers tandis que Jean Fobe allait voir dehors ce qui se passait. Jean Fobe est revenu avec trois gendarmes allemands qu’il avait capturés et il a dit: “Je n’ai pas pu faire autrement, sinon c’était moi.” Raymond Antoine a ajouté: “Nous nous trouvions dans cette boulangerie avec cinq Allemands dont ces trois gendarmes qui ne voulaient pas se laisser désarmer. Quelle catastrophe !”
Les jeunes résistants ne leur voulaient pas de mal. Ils ont même étanché leur soif avec de la bière. Ils ont entendu la troupe d’Allemands arriver avec les camions, les chevaux, les chariots et ont eu peur parce que la motocyclette des gendarmes se trouvait dans la cour à la vue des passants. Ils les ont engoufrés dans la cave. Les prisonniers criaient: “Dans trois minutes, vous êtes tous les deux kaput.”
Effectivement, les autres arrivaient dans la cour arrière. Raymond et Jean sont sortis tous les deux, mais la différence entre eux étaient leurs armes.
Raymond avait un pistolet et Jean une mitraillette. Raymond a pu glisser son pistolet dans sa veste. Il a salué poliment les Allemands et a pu se cacher dans un rieu. Un Allemand a tiré dans sa direction, mais l’a raté. Il a pu alors se cacher dans une maison.
Jean a eu du mal à dissimuler sa mitraillette. La suite, nous la connaissons par Charles Martens: “Ils ont mis tout de suite Jean Fobe contre le mur derrière dans la cour de la boulangerie. Ils ne lui ont rien fait. Toute la troupe s’est mise en route. Elle est partie vers le Carnois, dans la rue de la Feuillerie. Jean marchait dans la troupe. On lui a dit de marcher sur le côté.
Et pendant qu’il marchait, un Allemand lui a tiré deux balles dans la nuque.
Puis il est tombé. On lui a donné un coup de pied dans la tempe et ils l’ont envoyé dans le fossé. Ils ont continué leur route.”

Charles est venu retrouver Raymond dans sa cachette et à travers champs ils
se sont dirigés vers la ferme Buron où les Allemands avaient lâchement tué leur compagnon. Ils ont ramené son corps à la ferme Moyart. Il a été enterré au cimetière de Celles. Mais ses parents ont racheté le morceau de terrain sur lequel il est mort et ils y ont placé une croix.

En 1946-1947 ses parents offrirent en souvenir de leur fils deux vitraux à la chapelle de Luchteren, représentant la Vierge Marie, sainte-patronne de Luchteren, et Saint Jean.

Son nom est inscrit sur la plaque commémorant le souvenir des notaires et fils de notaires morts pendant la deuxième guerre, inaugurée en 1947 par le notariat de Gand-Eeklo en l’Hôtel des Notaires à Gand ainsi que sur le Mémorial du 2e Quartier à Gand, Vieux Quai aux Bois, au mur de l’école Saint-Amand, inauguré le 9 nov. 1947.

Le 5e anniversaire de son décès a été marqué par l’inauguration d’une croix de pierre qui s’élève en rase campagne là où il fut fusillé.

Les noms de Jean Fobe et de son oncle Gérard Willemot se retrouvent tous deux sur la plaque commémorative “Pro Patria 1940-1945” dans le couloir du Collège Sainte-Barbe à Gand, dont ils étaient anciens élèves.

En 1973, dans le lotissement De Smet à la rue Haute à Tronchiennes, une rue nouvellement tracée fut baptisée “Jean Fobestraat”.

Olivier Willemot

 

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